samedi 30 décembre 2017

Du street art sur la 6 ? (4)



Avec l'iPhone, on a tendance à tout photographier. On devient vite un glouton qui ne se refuse rien : un bon lettrage en entrée, un panel passable en plat de résistance ou un throw up dégueulasse en dessert... Tout ça finit dans le ventre de l'iPhone, sans hiérarchie aucune.




Que retenir de ce déferlement sur la 6 en 2017 ? Première remarque : pas de street art sur les métros.  C'est bien connu : lorsque la descente est interdite, le graffiti reprend ses droits. La confusion  entre graffiti et street art que beaucoup semble craindre n'aurait lieu que dans les galeries d'art ? A méditer... En tout cas, on peut se poser la question suivante : Pourquoi Space invader n'a-t-il pas encore collé ses mosaïques au cul des rames de la 6 ? Trop risqué ? Trop peur de se faire gauler par un maître chien ? Plus la condition physique pour cavaler dans les tunnels ? Peut-être qu'il me contredira...




Deuxième enseignement : sur la trentaine de rames graffées qu'on a vu circuler sur la 6, on aura surtout croisé une écrasante majorité de panels dans la plus pure tradition new yorkaise des années 1970. Pas de tags, encore moins de punition, presque pas de flops ni de throw up : on est plus dans l'esprit de Subway Art que dans celui de Paris Tonkar. On est dans la continuité de la dernière partie (2005-2010) de Descente interdite (Wasted Talent -Alternatives, 2011) : on valorise le panel. Dans l'esprit du tapeur de trom de 2017, on ne descend pas avec un Baranne dans un dépôt pour saloper une rame à coup de tags dégoulinants, non, on y va avec minimum cinq bombes pour faire un panel coloré. Avec 2017 on est dans la tradition : une classe d'élèves disciplinés qui ont bien appris leur leçon, la "lesson of style" New yorkaise.




Troisième enseignement : ceux qui tentent un truc dingue à la Azyle ou à la Keag ou même à la Star (à l'extincteur ou avec de la merde) se comptent sur le doigt de la main.







Bien sûr, il y a l'exception qui confirme la règle : c'est cette tête de Jaunie (et celles de Bonnie and Clyde, voir en tête du poste précédent) assez marrantes qui se démarquent des autres pièces réalisées sur ces trois rames. On serait là plus dans un délire à la Popay (inspiré par Picasso), quelque chose qui s'inscrirait plus dans cette troisième voie "picturale" proposée par les PCP au début des années 90, entre l'école de la lettre lisible des Bando/Colt et l'école du wild style/semi wild style des Bbc/Lokiss  (selon une typologie opérée dans Writers).

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